Naoto était sortie chasser, ce soir-là. Comme tous les soirs d'ailleurs, mais celui-ci était différent. En effet, elle avait une certaine mission donnée par son roi; retrouver les trois idiots qui avaient osé l'assommer puis l'enfermer dans les prisons du château. Certes, la mission aurait dû être faite plus tôt, la veille, mais quelque chose l'avait distraite et totalement déstabilisée. Son propre roi, Omi.

L'image de la jeune louve léchant son propre sang continuait de la hanter, la rendant plus faible, faisant battre son coeur plus vite. Elle n'avait pas pu effectuer sa mission après avoir laissé Omi, c'était bien trop difficile de se concentrer avec l'image d'une telle beauté pour lui ramollir le cerveau. Elle ne pouvait plus penser, se souvenir des voix, alors elle était simplement partie se coucher. Sauf que bien entendu, le lendemain, la mission allait être dix fois plus dure que si elle s'y était prise tout de suite. Quelle pas douée...

Après quelques deux heures de recherches, elle dut se rendre à l'évidence: les trois gugusses s'étaient fait la malle, au moins pour quelques jours. Il fallait dire que la nouvelle de la libération de plusieurs Yowai non jugés était passée dans tout le château, et sûrement que les trois ont pris peur. Oh, pourtant il n'y avait pas de quoi! Elle n'avait pas le droit de les tuer, ordre de son chef...elle les aurait juste un peu saignés, puis beaucoup torturé afin d'obtenir des aveux complets. Rien de bien méchant n'est-ce pas?

Naoto se frappa d'un coup le front du plat de la main. Quel stupidité...elle avait oublié que la nuit, les humains dormaient. Pour effectuer sa mission, il allait falloir qu'elle joue à un jeu assez dangereux: rester éveillée le jour afin de "capturer" ces stupides Tsuyois. En espérant que demain soit un jour sans soleil...connaissant sa chance, il risquait de faire beau et chaud. Bon, tant qu'elle était dehors, pourquoi ne pas chasser le Tsuyoi insomniaque? Très bonne idée. Elle était un peu rouillée, depuis plusieurs semaines elle se contentait d'attendre à la sortie du bar pour attraper le premier venu, souvent ivre. Un peu d'exercice ne lui ferait pas de mal!

Elle s'assit sur le toit du château, observant le parc en attendant une proie potentielle. Inutile de chercher dans les couloirs, elle n'était pas pressée, et la plupart du temps les Tsuyois patrouillaient pour elle ne savait quelle raison dans le parc et les jardins. Peut-être en quête d'un éventuel Yowai sans défense? Pour l'instant il n'y avait que des groupes, et elle avait la flemme de se battre. Oh, en voilà un qui se détachait...et se lécha les lèvres et sauta, tombant avec un silence surnaturel sur l'herbe, cachée dans l'ombre du bâtiment. Une filature? Pourquoi pas...elle se mit à le suivre, toujours sans un bruit, et le vit entrer dans une pièce. Eh? Qu'y avait-il ici? Elle n'y était jamais allée...ah ça se comprenait. C'était les cuisines. Un vampire n'avait jamais besoin de se préparer à manger...toujours était-il qu'elle entra à son tour.

-Qu'est-ce que...?!

Mince, il s'était retourné. Dommage pour lui. Elle sauta littéralement dessus, crocs apparents, et le mordit sans ménagement, commençant déjà d'aspirer le sang. Mais elle sentit une présence derrière elle. Un autre humain? Oh, une femme...elle essayait de lui faire peur ou quoi? Naoto ne se dérangea même pas pour elle, continuant d'aspirer le sang du "pauvre" Tsuyoi. Mais elle dut bien s'arrêter, car la femme l'énervait un peu, à l'observer et dire n'importe quoi.

-Dégage, je mange.

Elle reprit le cou de l'homme et le saigna jusqu'à ce qu'il s'évanouisse. Puis elle le lâcha et il glissa par terre, à demi mort. Bon, au moins c'était pas du sang dégoûtant d'alcoolique! Avec un petit sourire satisfait, elle s'apprêta à partir.

Naoto leva les yeux au ciel. Elle n'allait pas la lâcher, celle-là! Mais sa voix lui disait quelque chose. S'étaient-elles déjà parlées? Peut-être bien...

-A ton avis.

Elle ne prenait jamais de sang de Yowai, même si cette "promesse" risquait d'avoir une entorse avec Mikaru, si Omi la forçait à travailler avec. Elle risquait bien vite de perdre patience, et sûrement d'ailleurs que ce serait le cavalier qui craquerait en premier.

La petite brune ouvrit de grands yeux ronds. Jolie vampire?! Elle faisait quoi, là, elle la draguait?! Cette femme était vraiment bizarre.

-Arrête tes conneries.

Elle était flattée, comme n'importe qui le serait à sa place, mais savait que cette femme ne disait ça que pour se moquer. Qui donc dans ce monde, pouvait la trouver à son goût? Certainement personne. Mais cela ne l'affectait pas, elle s'en fichait pas mal en fait.

Et pourquoi elle la regardait comme ça, celle-là?! Ce sourire ne lui disait rien qui vaille, en soi. Elle ne pouvait pas deviner ce qu'il se tramait dans sa tête, et c'en était assez...déstabilisant. Même très. Oh, pourquoi ne la laissait-elle pas tout simplement partir? Enfin...si Naoto voulait vraiment s'en aller, elle aurait simplement usé de sa vitesse impressionnante pour passer derrière la femme et s'enfuir. Mais là elle restait...pourquoi?

-Soit. Reste alors.

A tes risques et périls, ma jolie. Mais qu'elle ne vienne pas se plaindre si la faim de Naoto se réveillait d'un seul coup.

Bon, elle faisait quoi, là? Elle n'était pas vampire, qu'est-ce que ce Tsuyoi pouvait bien les faire? Etait-elle Tsuyoi? c'était possible, après tout elle ne le lui avait pas demandé...et de toute façon il était très simple de mentir.

A sa réplique, Naoto haussa un sourcil.

-Si pour toi la bouffe est aphrodisiaque...

Pour elle, le sang n'était qu'un moyen de se nourrir. Alors aller jusqu'à dire que c'est aphrodisiaque...non, cette femme n'était pas DU TOUT normale. Elle était folle...folle? Elle ne connaissait qu'une personne qui pouvait être si folle et poser ce genre de question improbable...

-Hiko?

A bien y regarder, leur fou n'avait pas beaucoup changé. Mis à part ses cheveux qu'elle laissait pousser, c'était exactement la même femme.

-Non, sans blague...

Elle se foutait vraiment d'elle, celle-la. Insupportable! Elle était tout simplement insupportable, et Naoto n'allait pas garder sa patience très longtemps. Elle allait peut-être bien craquer et se battre avec...ou pas. Omi n'aimerait sûrement pas ça. Elle se contenta de soupirer et se masser les tempes. Incroyable comme cette femme avait réussi à lui donner la migraine en seulement quelques phrases. Et qu'est-ce qu'elle parlait vite! Un vrai moulin à parole!

Mais...qu'est-ce qu'elle faisait?! Un bisou...sur sa joue?! Naoto grimaça automatiquement. Non mais pour qui se prenait-elle! Elle essuya sa joue d'un air dégoûté, comme si l'individu l'avait léchée à cet endroit d'une langue bien baveuse. Personne n'avait le droit de lui faire ça, ou peut-être une seule personne ici...et ce n'était certainement pas cette folle!

-Fous-toi de ma gueule.

Oh, vulgaire la Naoto. Elle perdait patience, et ça se sentait. Même un humain stupide et sans cervelle pourrait deviner qu'il ne valait mieux pas continuer de la chauffer...à moins que l'autre ne soit masochiste? C'était possible cela dit, mais ce n'était pas une raison pour l'embêter. Qu'elle la laisse tranquille, bon sang!

Ah, elle s'éloignait. Manque de chance, c'était pour aller fouiller dans les placards...elle qui voulait achever sa proie, c'était râpé pour le coup! Quelle emmerdeuse, celle-la! Et qu'est-ce qu'elle faisait, d'ailleurs?! Ah, de l'eau...elle avait soif? Bon, eh bien qu'elle boive et qu'elle s'en aille! Naoto n'allait pas attendre toute la nuit que cette squatteuse la laisse enfin tranquille.

-Je ne vois pas du tout de quoi tu parles.

Si elle parlait de...oh bon sang, quelle perverse! Heureusement, Naoto n'était pas une vierge effarouchée. Enfin même si c'était le cas, elle n'était plus très vierge, l'effarouchée. Bref. De toute façon, dès que le sujet sur les aphrodisiaques avait été lancé, la petite vampire était sûre que cela allait dériver.

Mais pourquoi parlait-elle de loups? Et d'Omi...OMI?! Un étrange sentiment de colère mêlé d'autre chose l'envahit, alors qu'elle la regardait trinquer. Elle s'approcha rapidement d'Hiko. En vérité, on aurait plutôt dit qu'elle s'était téléportée en face d'elle, tellement sa vitesse vampirique avait été grande. Une légère grimace de dégoût se dessina sur son visage, alors qu'elle la fixait de ses yeux blancs, sa main tenant le col de la chemise. Une chemise noire, trop grande pour elle...ne serait-ce pas celle de...

-T'es sa biatch personnelle, hmm?

Elle savait bien qu'Omi adorait s'envoyer en l'air, et cette femme qu'elle avait connue auparavant était si perverse et folle que c'était la partenaire idéale. Pour quelques nuits de folie. Naoto était de plus en plus dégoûtée, et son instinct de vampire lui criait de mordre Hiko. Elle parvint avec difficulté à s'éloigner légèrement, toujours ce même dégoût sur le visage. Elle haïssait cette femme sans même chercher à vraiment la connaître.

-Pour ton information, je t'ai reconnue à ton apparence et à ta voix. Il y a assez de lumière pour un être nocturne, et t'es la seule à posséder une voix aussi...désagréable.

Elle attrapa le verre d'Hiko, et le but à sa place d'une seule traite. Beurk, c'était vraiment dégoûtant...fade, aucune saveur. Elle préférait largement l'alcool, que ce soit une simple bière ou une petite vodka.

Il avait fallu que ça tombe sur ce soir-là. La femme n’allait pas la lâcher de sitôt, cette folle insupportable. Son rire qui résonnait dans toute la pièce. Il n’était pas spécialement laid, ce rire, mais il était moqueur, pervers, fou. Elle ne pouvait plus l’entendre. Que cela s’arrête…

-Ferme-la.

Elle commençait à rentrer dans son jeu, c’était mauvais signe. Une petite provocation, elle sentait bien que la femme ne faisait que s’échauffer. Qu’allait donner la suite ? Et puis d’ailleurs, que cherchait-elle, à la provoquer ainsi ? Il devait bien y avoir un but, non ? Peut-être Naoto aurait-elle dû tout simplement l’ignorer, cela aurait tout arrangé et elle l’aurait laissée finir son plat de résistance. Mais elle n’y avait tout simplement pas pensé…et c’était vraiment embêtant de manger à côté de quelqu’un qui ne cessait de vouloir la pousser à bout !

Biatch oui. Elle en était une, pas de doute là-dessus. Peut-être pas celle d’Omi, car Naoto le savait bien, son amie avait un minimum de respect pour la vie humaine. Mais cela ne l’étonnerait même pas, la folle semblait douée pour faire craquer n’importe qui. Enfin…n’importe qui qui avait du temps à perdre pour des frivolités. Et encore un geste obscène ! Où donc avait-elle appris les bonnes manières ?! Certes, Naoto n’était pas un modèle exemplaire, mais entre provoquer à ce point et prélever quelques pintes de sang sur des hommes peu importants, le pire était vite trouvé. Du moins, de l’avis d’une petite vampire. Mais qu’elle cesse de la fixer, bon sang…

La lumière qui s’alluma d’un coup l’aveugla un peu, mais elle se cacha derrière le rideau noir de ses cheveux pour s’habituer un peu. Une fois ses yeux accoutumés à la plus forte luminosité – ce qui mit un peu plus de temps que la moyenne des humains – elle reprit sa fixation sur Hiko. Encore ce sourire horrible ! Elle ne pouvait plus le voir. Elle mutilerait la rouge pour ne plus voir ce sourire pervers.

-Je pourrais te retourner la même question.

Insupportable, folle, et perverse. Elle était vraiment mal barrée. Son regard la mettait assez mal à l’aise, tout comme ses propos. Même les phrases les plus simples sonnaient faux et à double sens dans sa bouche.

-Trop crié ?

De quoi parlait-elle ? Oh…non…Naoto ne voulait pas savoir. Elle ne voulait pas avoir de réponse à cette question, réponse qu’elle connaissait déjà. Elle aurait dû se taire au lieu de laisser parler sa curiosité, curiosité qu’elle arrivait à museler d’habitude. Oui mais voilà, ce qu’il s’était passé la veille avec Omi l’avait un peu trop changée à son goût. Elle en payait le prix, désormais.

-De qui est-ce que…

La jeune vampire se coupa en plein milieu de sa phrase. Elle avait compris. Une vague de tristesse l’envahit alors, tristesse qui n’avait pas lieu d’être pourtant. Tout concordait : la chemise, son attitude, ses allusions. Omi…après tout, elle avait le droit de faire ce qu’elle voulait, elle était assez grande pour ça. Si elle aimait s’envoyer en l’air avec des femmes en chaleur comme Hiko, ce n’était pas les affaires de Naoto. La colère prit la place de la tristesse, et l’envahit peu à peu. Elle serra le poing si fort que le verre qu’elle tenait explosa littéralement, la coupant profondément, mais elle s’en fichait. L’image de la folle avec son amie ne cessait de s’imposer dans son esprit, et cela lui déchirait le cœur sans qu’elle ne puisse le contrôler. Son poing se serra encore, alors que les morceaux de verre toujours présent dans sa main s’ancraient davantage dans sa chair. Mais elle ne ressentait pas la douleur, ne faisait que fixer Hiko. Hiko qui semblait la narguer, toucher la chemise d’Omi. Tout en cette femme maintenant lui criait ce qu’elle semblait avoir fait avec la louve, et sa phrase l’acheva. Provocation, encore et toujours. Deux options s’offraient à Naoto : s’enfuir en courant et pleurer comme elle n’avait jamais pleuré, ou laisser parler la colère qu’elle retenait depuis assez longtemps déjà. N’étant pas du genre à fuir ni à montrer tant de faiblesse, elle opta pour la deuxième solution. Pratique d’être un vampire, dans ces cas-là…elle attrapa rapidement le premier objet qui lui venait sous la main – à savoir une carafe d’eau vide – et le lança avec force vers Hiko. L’objet la frappa au front, mais la petite brune ne lui laissa pas le temps de toucher le sol ; elle s’approcha d’elle et la retint par la gorge, avant de lui asséner un magnifique coup de poing dans l’estomac. Laisser parler sa colère…jamais personne encore ne l’avait rendue aussi furieuse. Elle serait capable de tuer, si un morceau de sa conscience encore libre malgré la colère ne lui disait de faire attention.

Chercher des réponses, juste en la regardant ? Cette femme était définitivement tarée. Elle ne trouverait rien en la regardant, rien d’autre que son agacement certain ! Hiko était sans aucun doute une pure masochiste. Elle le sentait, et cela l’exaspérait d’autant plus. Pourquoi est-ce que cela devait toujours tomber sur elle lorsque des personnes comme ça avaient une petite soif ? Pourquoi le jour même où elle avait décidé de reprendre le jeu de la chasse à l’humain, la pire des chieuses venait l’embêter ?! C’était vraiment ne pas avoir de chance. Elle ne pouvait que dire ça. Et un autre rire. Cela lui donnait vraiment l’envie de la déchiqueter. Haha. Prends-la pour une imbécile, Hiko. Ce petit commentaire n’était pas nécessaire.

Elle le savait, qu’elle n’aurait pas dû poser cette question. Elle le savait mais pourtant c’était trop tard. Hiko avait bien enfoncé le couteau qu’elle lui avait planté dans le cœur, et le remuait bien en plus de ça. Elle saignait, intérieurement. Elle se brisait en petit morceaux, tout comme sa carapace de protection le faisait. Hiko était cruelle, très cruelle…elle n’arrivait plus à résister.

Achevée.

Sa main blessée l’avait frappée, la vampire n’avait pas pu donner toute sa puissance. Peu importait, elle pouvait recommencer. Elle pouvait détruire chaque parcelle du corps de celle qui l’avait fait souffrir. Elle le voulait. Un peu de sang coulait sur le front de la femme, sang qu’elle se ferait un plaisir de goûter…plus tard. Lorsqu’elle sera assez anéantie et que Naoto pourra la vider entièrement. Que dirait Omi…elle s’en fichait. Non, elle ne s’en fichait pas. Elle n’y pensait juste pas du tout, ses pensées étaient toutes effacées par la rage et la tristesse. Cette femme allait payer.

Trop tard. Elle était plus rapide, d’habitude. Mais la colère l’aveuglait tellement qu’elle avait laissé sa future victime se redresser, puis la prendre dans ses bras, bloquant tout mouvement. Naoto bougeait, gesticulait, essayait de se dégager, mais en vain. Bizarrement elle ne pouvait pas, et cela la mettait davantage hors d’elle. Hiko devait la laisser partir. Elle l’avait cherché ! Elle l’avait poussée à bout, l’avait détruite de par ses simples paroles ! Elle DEVAIT payer !

-Lâche-moi !

Qu’elle la lâche, elle ne pouvait pas rester ainsi. Pas aussi proche d’elle, cette femme qu’Omi accueillait volontiers dans son lit. Sa main sur sa tête, comme Omi l’avait fait la veille. Sauf que là, ce geste n’était pas le bienvenue.

Elle, aimer ? Aimer son amie ?! …oui. Oui, mais elle ne l’avouerait jamais. Pourtant elle continuait de se débattre, détournait les yeux.

-Lâche-moi…

Les larmes lui montaient au yeux, des yeux qui la piquaient. Ah non ! Elle ne devait pas se mettre à pleurer, c’était quoi cette histoire ?! Elle n’allait pas craquer devant cette folle à lier ! Folle qui y avait vu clair, pas si bête que ça…elle la fixait des yeux, mais plus de perversité, plus de folie. Elle était calme…Hiko calme. Naoto n’en revenait pas.

-Non.

A quoi bon mentir ? A se donner bonne conscience. Elle n’avouerait pas, même si c’était flagrant, même si on l’avait déjà démasquée. De toute façon, pour Omi, elle resterait à jamais une amie. Un bonne amie même, peut-être une très bonne amie, mais jamais leur relation ne dépasserait ce stade.

-Laisse-moi…

Un ton implorant, maintenant. Ah ben bravo. Elle était tombée bien bas ! La vampire se sentait vidée, elle n’avait plus de forces, plus de pensées, plus rien. Un vide complet. Elle attendait juste que Hiko la lâche, alors qu’elle aurait pu user ses « pouvoirs » de vampire pour se dégager elle-même.

Pourquoi ne la lâchait-elle pas ? Pourquoi ne la laissait-elle pas partir tranquillement, au lieu de l’embêter avec ça ? Sa présence seule était insupportable. Elle ne voulait plus la voir, elle, celle qui passait bien trop de bon temps avec Omi. Qu’est-ce qu’elle voulait, à la fin ! La faire souffrir, la pousser à bout pour la briser ? Il semblerait. La vampire devait s’enfuir. Mais elle n’avait plus de forces ! Elle n’y arriverait pas, et sa main blessée tremblait. Son sang gouttait sur le sol ou venait tacher leurs vêtements, surtout les siens en fait. Elle commençait à en ressentir la douleur, ce qui la poussait encore plus à tenter de s’enfuir. Mais elle ne pouvait pas. Cette folle la retenait.

-Je mens pas !

Elle ne savait vraiment pas mentir. De toute façon, Hiko avait déjà vu clair dans son jeu. Elle essaya de nouveau de s’enfuir, mais la femme la tenait bien trop fermement. Et elle la fit tomber, enfin plutôt s’asseoir par terre. Naoto refoula ses larmes avec difficulté, baissa les yeux et contempla l’unique morceau de verre qui était resté encastré dans sa paume. Elle l’attrapa de deux doigts, le tira et le lança plus loin. Puis elle regarda simplement celle qui la retenait ici. Elle avait remis son masque neutre, mais cela ne restait qu’un masque. Elle était déchirée. La vampire sursauta en sentant des mains douces lui prendre les siennes, mais ne se dégagea pas. A quoi bon ? Aucun intérêt. Ses blessures se refermaient lentement, du moins ses blessures physiques. Elle était bien plus meurtrie intérieurement.

-Non…

C’était inutile de lui mentir, elle l’avait deviné. Mais Naoto ne voulait pas se l’avouer, normal, non ? Elle baissa la tête, cachée par ses cheveux noirs. La femme bougeait en face d’elle, mais elle ne voyait pas ce qu’elle faisait. Ce fut seulement lorsqu’elle sentit quelque chose sur son dos qu’elle daigna lever la tête. Hiko était en sous-vêtements…mais alors… ? Ses petites mains agrippèrent lentement la chemise noire trop grande pour elle, et la serrèrent comme si c’était un objet précieux qu’elle ne voulait pas perdre. Encore une fois, elle dut retenir ses larmes ; elle ne devait pas craquer, jamais. Surtout pas pour quelque chose d’aussi futile.

-Les trois…

Elle ne le dirait probablement jamais à Omi. Honteuse d’avoir d’autres sentiments que l’amitié, effrayée à l’idée de la perdre juste à cause de ça. Elle savait bien que la louve n’était pas comme ça, mais…le doute l’emportait. Elle ne lui dirait pas.

La femme s’était encore rapprochée, comme si elle voulait mieux la voir. Ben quoi…n’avait-elle jamais vu personne de déprimé ? Pour le coup, impossible de le cacher pour la petite brune. Dans ce qu’elle lui dit, quelque chose la fit de nouveau grimacer de dégoût : se frotter nue contre Omi ?! L’image qui s’imposait à son esprit était assez répugnante, et elle secoua la tête. Pourquoi lui disait-elle cela ? Ah…pour lui faire comprendre à quel point Omi était aveugle là-dessus. Et ce n’était que son amie…elles couchaient ensemble, mais rien de plus…rien de plus. Il ne fallait pas s’inquiéter. Pourquoi s’inquiétait-elle d’abord ? Omi avait le droit de vivre sa vie, de sortir avec d’autres filles ! De toute façon, Naoto savait d’avance qu’elle n’avait aucune chance. Elle n’était pas du tout à son goût. Instinctivement, elle resserra encore la chemise autour d’elle et baissa de nouveau la tête.

Qu’est-ce qu’elle avait à vouloir toujours lui prendre le visage, celle-là ? Heureusement qu’elle maintenait son masque en place, parce que sinon cela ferait depuis belle lurette qu’elle aurait fondu en larmes.

-Oui, je l’aime. Et non je ne lui dirai pas. Jamais.

Elle avait si peur de la perdre…

Elle le savait bien. Cette femme n’était pas stupide, loin de là. Malheureusement pour elle. Naoto ne voulait pas se dévoiler, mais inconsciemment elle le faisait déjà. En même temps, l’image d’Omi ne voulait pas quitter son esprit. Omi qui l’embrassait, Omi qui lui faisait confiance et l’amenait à faire de même, Omi qui la prenait pour son amie, peut-être un peu sa petite sœur…Omi qui pourtant ne voyait rien, ne voulait sans doute rien voir, qui vivait sa vie et couchait avec d’autres, qui se laissait draguer et draguait à son tour. Une larme brilla au coin de son œil, mais la jeune femme l’essuya d’un doigt, sans regarder Hiko. Elle ne devait pas penser à tout cela, c’était se faire du mal pour pas grand-chose.

-Peut-être.

Sûrement. Elle n’avait toujours pas confiance en cette folle. Naoto se tordait les mains de nervosité, et vit que son sang coulait encore de la toute petite plaie. Ah, ben c’était sûr qu’elle n’était pas totalement régénérée…en même temps ces temps-ci elle mettait bien plus longtemps pour se soigner. C’était encore à savoir pourquoi, peut-être à cause du fait que le sang des Tsuyois qu’elle vidait était souillé…sûrement…il faudrait voir demain, lorsque le sang de celui de ce soir-là sera totalement entré dans son métabolisme. En attendant elle se léchouilla la plaie, avec l’air d’un petit animal, juste pour éviter qu’elle ne saigne de trop. Elle avait déjà sali une bonne partie du carrelage de là où elles étaient. Mais ça, elle s’en fichait royalement. Bref.

Sa peur…elle voyait tout. Cette femme l’avait totalement mise à nue, elle savait déjà. Pourquoi avoir fait ça ? Pour tout répéter à Omi et s’amuser ? Non, elle lui avait bien dit que Naoto pouvait lui faire confiance. Alors elle l’écoutait, et lui offrait une confiance…un peu altérée par de la méfiance. Impossible de donner mieux, c’était déjà le maximum qu’elle pouvait offrir.

Un sourire. Naoto cherchait la moquerie derrière ce sourire, mais rien. Il n’y avait rien d’autre qu’un peu de gentillesse. C’était vraiment bizarre, venant d’une femme comme Hiko. Avait-elle changé à ce point en quelques minutes ? Non. Elle était comme ça depuis un moment, personne ne pouvait changer en si peu de temps. Même pas les meilleurs. Sur le moment, la petite brune avait plutôt envie de se serrer contre elle pour qu’elle la rassure, qu’elle la protège, mais elle s’abstint ; trop de respect, trop d’orgueil, trop de peur. Sa carapace l’en empêchait.

Omi…pourquoi était-elle tombée amoureuse de quelqu’un comme elle ? Quelqu’un de très convoité, quelqu’un que tous aimaient, adoraient. Elle ne se laissait pas marcher sur les pieds, mais pourtant arrivait à être douce et gentille. Une personne très rare de nos jours, mais peu voyait cet aspect de sa personnalité. En général, les femmes qui lui couraient après étaient des poupées sans valeurs, qui ne voyaient que son physique de beau prince. Des poupées que Naoto se ferait un plaisir de briser, mais elle respectait sa promesse. Elle n’agressait que les gens qui le méritent. Or, en général, ces poupées n’étaient pas bien méchantes et ne croisaient jamais son chemin…elle ne pouvait pas se permettre de laisser parler son cœur. De plus, cela mettrait la puce à l’oreille d’Omi. Et elle ne pouvait pas risquer cela.

Hiko la comprenait. Naoto en doutait, mais la laissait parler. Elle était déjà à moitié à l’ouest, repartie dans ses pensées aux côtés de la belle louve. Mais non. Elle devait s’empêcher de penser à ça. Tout devait changer. Tout !

-Oui.

Oui, c’était à elle qu’appartenait le choix de mettre Omi au courant ou non. Elle ne s’en sentait pas capable…et connaissait déjà la réponse. Alors non.

Puisque Hiko se levait, elle le fit aussi, et en profita pour enlever la chemise d’Omi de ses épaules. Elle la regarda fixement, pensive, et la fit couler entre ses doigts. La chemise d’Omi. Quelque chose de si simple, mais pourtant si précieux pour elle. C’en était navrant de stupidité. Mais au point où elle en était…elle voulut la rendre à Hiko, mais celle-ci refusa.

Garder la chemise…elle devra bien la rendre un jour. Mais en attendant, Naoto l’agrippait toujours. Ca lui faisait mal au fond, de savoir Omi si proche et en même temps si loin. En être réduite à serrer un simple vêtement…la vampire se dégoûtait elle-même. Ce n’était qu’une loque, qu’une femme stupide qui en était arrivée à tomber amoureuse de son amie. Un tas d’insultes se pressaient dans son esprit, plus ignobles les unes que les autres. Elle les méritait toutes.

Du shopping. Hiko lui parlait de shopping. Au début, Naoto se demandait bien de quoi elle parlait. Mais elle mentionna le fait d’essayer des vêtements…ah ! Ca y est, elle voyait de quoi parlait la rouge. Une histoire de boutiques de vêtements. Son…ex…avait essayé de l’entraîner dans ce genre d’activité, mais elle n’aimait pas ça. Trop de monde, peu d’intérêt. Mais avec Omi… ? Oui, mais c’était sûrement le jour, ça, non ? La femme lui disait qu’elle pouvait les regarder de loin, mais la vampire secoua doucement la tête. Elle regarda le ciel par la fenêtre de la cuisine, et soupira légèrement.

-Soleil…

Hiko comprendrait bien. Depuis qu’elle était totalement vampire, la petite brune ne supportait plus la lumière et la chaleur des rayons du soleil. Ils lui brûlaient la peau, la rendait aveugle. C’était bien plus pratique lorsque son démon n’avait pas fusionné avec elle, lorsqu’elle ne se doutait même pas de son existence. Tout était plus facile. Maintenant, tout avait changé. Impossible de sortir le jour. Mais bon…c’était gentil de la part d’Hiko de lui proposer ce genre de sortie. Elle n’était pas bien méchante, finalement. Juste…très bizarre, et un peu folle.

Elle avait perdu la partie. Tout perdu. Naoto avait perdu le peu de confiance qu’elle avait en elle, et même si elle ne voulait pas l’avouer, une partie de la confiance qu’elle avait en Omi. Elle savait pourtant que la louve faisait ce qu’elle voulait, qu’elle était libre et ne lui appartenait en aucun cas. C’était ça, le plus dur en fait : la voir évoluer, vivre sa vie loin d’elle alors que la vampire ne se contentait que de stagner, d’observer ces gens qui semblaient parfois heureux, parfois malheureux ; mais jamais ils ne seraient aussi malheureux qu’elle. Ça non.

Hiko la regardait avec tant de compassion que Naoto se sentait mal tout à coup. Etait-elle tant à plaindre ? Elle aurait voulu que ce soit plus facile, que quelqu’un lui donne le mode d’emploi pour réussir à passer outre et oublier son amie. Pas l’oublier à proprement parler, mais faire le tri dans ses sentiments et ne garder qu’une bonne amitié, sentiment qu’Omi semble ressentir à son égard. Il lui fallait de l’aide…quelqu’un de spécialiste dans ce genre de problèmes, car elle-même ne savait pas du tout ce qui lui arrivait. Mais bon sang que cela faisait mal…ça n’était pas aussi douloureux que la perte de ses deux parents, mais sur l’échelle de la souffrance psychologique qu’elle avait déjà endurée, ce sentiment prenait bien la deuxième place sans la voler. Un gouffre sans fin dans lequel elle tombait, malgré ses désirs de s’accrocher aux parois…elle devait cesser de penser à cela, c’était encore pire.

Naoto serrait si fort le vêtement de la louve que les jointures de ses articulations en devenaient blanches. Elle ne savait toujours pas quoi en faire. Le garder ? Non, c’était comme si elle l’avait volé, même si Hiko le lui avait donné. Le rendre alors…oui, c’était une meilleure solution. Mais…pas en main propre, elle n’est pas sensé l’avoir en sa possession. Non, elle le lui déposerait dans sa chambre lorsque son amie serait de sortie. En espérant qu’elle fasse une insomnie dans longtemps…non. Naoto ne devait pas penser comme ça. C’était mal. Elle devra guetter tous les soirs pour voir si Omi se lèverait. Ce qui signifiait…ne pas quitter sa chemise. Elle se sentait faible et stupide, à s’attacher comme ça à un simple vêtement. Quel faiblesse que de ressentir de l’amour pour quelqu’un qui ne nous voit presque jamais…la vampire étant nocturne, la probabilité qu’elles se rencontrent de nouveau par hasard restait quand même très faible.

Ah, Hiko semblait bien avoir compris ce qu’elle avait voulu dire par cet unique mot. Oui, soleil. Le soleil, destructeur mais indestructible. Elle baissa légèrement les yeux, mais les releva en entendant la rouge reparler.

-Le soir… ?

Elle non plus n’aimait pas la journée alors ! Enfin, elle au moins n’était pas forcée de se cacher le jour…enfin ! Tant mieux pour elle. Naoto faillit se frapper le front du plat de la main. Bien sûr qu’Omi travaillait la journée ! Il fallait bien qu’elle fasse son devoir de roi. Même si la petite brune ne savait pas exactement en quoi cela consistait…oh, peu importait. Elle n’avait pas vraiment le cœur à réfléchir. Plutôt le cœur à courir sur le toit pour se jeter dans le vide, même si elle n’en mourrait pas sauf si elle tombait sur la tête. L’un des avantages d’être une vampire…qui en l’occurrence se révélait être un inconvénient également.

Pourquoi Hiko se rapprochait-elle tellement ? Elle essaya d’éviter son regard, mais la rouge lui avait bloqué le visage entre ses mains. Encore.

-Lâche-moi…s’il te plaît…

Elle avait soufflé ça tout doucement, la voix encore pleine des larmes qu’elle retenait depuis le début. Hiko desserra sa prise, et elle se dégagea lentement, soutenant son regard alors qu’elle se remettait à parler. Au début Naoto ne saisit pas très bien ce qu’elle disait, toujours un peu perdue, mais capta un mot qui la fit secouer la tête négativement.

-Non, pas de photos.

Elle ne supportait pas les photos, il n’y avait pas plus triste qu’une photo. C’était vide, sans vie. Elle préférait regarder de loin…d’ailleurs, idée.

-Je…viendrai. Je vous regarderai.

Ce sera dur, oui, mais elle faisait ça depuis assez longtemps pour s’y être habituée. Elle se cachera un peu plus loin, tout simplement. Ce n’était pas la mer à boire…de toute façon elle se savait incapable de venir avec elles. Déjà parce que c’était Omi, et ensuite…parce qu’il y avait bien trop de monde dans les rues de Tokyo. Un vampire au milieu des humains…c’était comme plonger une humaine à peu près normale dans une ville remplie d’hamburgers frites. Bien sûr, cette vision-là était nettement moins appétissante quand on y pensait. Surtout que l’humaine en question avait peur de cette nourriture plus ou moins fraîche sur pattes.

-Non.

Sortir et rencontrer quelqu’un d’autre ? Pas moyen. Naoto voulait rester seule. D’ailleurs, elle ne comprenait pas comment ça avait pu lui arriver, de tomber amoureuse. Elle s’était pourtant protégée contre ça…mais bien entendu, tout ce qu’elle avait fait pour éviter de souffrir avait été réduit à néant par une seule personne, quelqu’un qui avait cru faire ça pour son bien alors qu’elle était heureuse telle qu’elle était. Omi. Omi l’avait libérée d’elle-même, et en même temps la faisait souffrir. Qu’avait-elle bien pu faire pour mériter tout cela ? Pourquoi la louve ne l’avait-elle pas abandonnée à temps, comme tant d’autres l’avaient fait avant elle ? Elle ne serait pas dans cet état, une femme désespérée au cœur saignant. Naoto se cacha de nouveau derrière ses cheveux, sentant les larmes pointer encore une fois. Pourquoi diable était-elle si faible…

Oui. Le soir. Hiko préfère. Moins de monde. Donc plus de tranquillité. C’est plus reposant. Moins stressant. Moins ennuyant. Alors elle préfère le soir. Les gens ne sortent pas souvent le soir. Sauf pour aller dans des endroits bizarres. Ou chaud. Un peu comme elle. Mais pas le prochain soir. Ca non. Ce sera shopping ! Avec sa meilleure amie. Histoire de s’amuser. Histoire de sortir. Et ne pas faire de folies charnelles. Juste des folies dépensières. Oui. Ca changera.

La relâcher. Tout doucement. Tranquillement. Pourquoi lui prenait-elle le visage ? Pour voir ses yeux. Pour qu’elle voit les siens. Elle sera sure de lui parler comme ça. Et qu’elle l’écoute. Pas de photos ? Pourquoi ? Ca fait des souvenirs. Bon. Elles en prendront pour elles alors. Rien que pour elle. C’était le choix de Naoto. Elle avait parfaitement le droit après tout. Bah oui. Pourquoi pas ? Peut-être… Oh… Ne pas laisser de traces ? Possible. Pas impossible. C’était peut-être ça. Tout simplement. Allez savoir. Mais elle ne lui demandera pas. Elle semblait trop épuisée. Petite chose…

Non ? Pourquoi ?

C’est vrai. Pourquoi ? La regarder. Droit dans les yeux. Mais sans la toucher. Elle avait compris. Naoto n’aime pas. Alors soit. Elle ne le fera pas. Sauf pour l’embêter. Mais là, ce n’était pas le moment. Ah ça non. Pas du tout même. Elle ne voudra pas répondre. Elle ne l'obligera pas. Elle comprenait.

C’est le meilleur moyen…

Elle le comprenait. Elle avait mal. Elle souffrait. Au plus profond d’elle-même. C’était normal. La regarder. Elle se cachait derrière ses cheveux. La peur ? La prendre dans ses bras. Lui faire un câlin. Tout doucement. Sans un mot. Sans rien. Pour ne pas briser ce silence. Pour ne pas briser cette douceur. Hiko qui la berce. Tout doucement. Lui caresser les cheveux. Patienter. Autant qu’il faudra. Autant qu’elle le voudra.

Mais il est tard. Il faut rentrer. Au moins pour elle. Lui sourire doucement.

Va te reposer. Je t'avertirais pour la sortie.

Se pencher. Lentement. Et lui murmurer à l'oreille.

Pardon à l'avance... je serais naturelle. Alors ne me tue pas après cette sortie, si jamais je dérape à ton gout.

Se redresser. Lui sourire. Et s'éloigner. En lui souhaitant bonne nuit.


END ~~