Il était une fois... [ Omi ]

Le château existe déjà depuis bien longtemps, mais l'arrivée de Jyou est très récente. Elle aimait bien s'y aventurer pour découvrir son nouvel habitat. C'était plus spacieux et plus luxueux qu'un vulgaire asile. La bibliothèque semblait être son endroit préféré, il y avait une quantité incroyable de livres pour étudier. A l'asile, elle n'avait que peu de choix et généralement médiocres car adaptés à de jeunes enfants en difficultés. Elle aimait connaitre de nouveaux auteurs. Pour une jeune femme anciennement atteinte de pathologie mentale, elle s'en tirait très bien. Ce n'est qu'après avoir fait le tour encore et encore des salles de tortures, des différentes ailes et même des jardins qu'elle s'est décidée à s'abonner à nouveau à la lecture. Les livres étaient plus compliqués que d'habitude, alors elle avait au départ des difficultés pour lire. Parfois attablée, elle baissait son livre et observait les gens. Une personne semblait avoir attiré son attention. Ses cheveux étaient pareils au doux pelage noir d'un loup. Mais là n'était pas la question, cette personne dégageait une aura inquiétante.

( Je ne me plaindrai pas, peu importe qui je trouverai dans ce château, jamais ce sera pire qu'un stupide asile. )

Trop particulière cette personne, c'était certainement un Yowai, ça sentait la présence démoniaque de loin. Peut être même qu'il est hiérarchisé. A son arrivée, on lui a strictement interdit de faire n'importe quoi. Mais bon, pourquoi écouter " on " ? On est libre de faire ce que l'on veut ? Pourquoi se contraindre ? Elle avait lu qu'une personne se contrôlait car elle y était obligée moralement. Si tout le monde faisait comme il l'entendait, ce serait l'anarchie. Personne ne voudrait de ça. La jeune femme avait fait ses propres règles: être libre, et découvrir les secrets des maladies mentales. Peu importe si elle doit tuer, elle doit savoir. Ces personnes lui ont pourri la vie, alors elle devait bien leur rendre la pareille. Un esprit vengeur s'est formé en elle quand elle a compris qu'elle n'avait jamais pu goûter au bonheur. Ou à une vie normale, comme elle aurait du le mériter lorsqu'elle était petite fille.

Elle agitait la tête, son regard froid n'a pas quitté son visage depuis qu'elle a mis les pieds. C'est d'ailleurs pour ça que personne ne lui a vraiment adressé la parole aujourd'hui, ou même hier, et les autres jours... depuis peut être même qu'elle a quitté définitivement ses parents pour venir ici. Elle ne donnait pas envie de parler de la pluie et du beau temps avec cet air-là. Elle soupira une fois, calmement, et reprenait sa lecture maladroite à voix basse. Comme le font ceux qui s'entrainent à lire.

« Très bien. Mais sois sûr que je ne lui faciliterais pas la vie, Ryu ! »

Elle fronça les sourcils avant de sortir du bureau du Roi des Tsuyois. Ici, il devait encore y avoir ces règles, avec un Yowai soumis à un Tsuyoi. Enfin... soumis... C'était une façon de parler. Omi ferma la porte avec force, se disant qu'elle n'allait certainement pas se laisser faire par cette personne qui allait "diriger" sa vie. Ah ça, hors de question. Elle voulait aller se détendre, et quoi de mieux que la bibliothèque, pour aller lire un bon livre ?

Elle alla s'installer à une chaise, se posant bien tranquillement avec un livre lambda qu'elle avait sorti de son rayon. L'androgyne, assise avec un pied sur l'un de ses genoux, était plongée dans sa lecture. Elle sentit une nouvelle odeur, inconnue encore dans ces murs, mais ne s'en soucia pas. Il n'y avait rien de démoniaque dans cette odeur, et de toute façon, les Tsuyois étaient libres de faire ce qu'ils voulaient. Tant qu'ils ne faisaient rien d'excessif contre les Yowai. Sinon, ils passeront devant la justice ! Elle risqua cependant quelques coups d’oeil en sa direction. Tiens... C'était une bien belle jeune femme, à l'allure assurée, au visage sensuel, à la crinière folle et au regarda glacial et envoûtant. Omi la regardait en coin de temps à autres...

Mais son attention fut attirée par une jeune femme qui vint près d'elle. Une autre Yowai cette fois. Le Roi ferma donc son livre, le posant sur la table qui était proche d'elle, avant de se lever pour être à sa hauteur. Elle se pencha pour écouter ce qu'elle avait à lui dire, au creux de l'oreille, avant d'hocher la tête en signe de oui.

« Tu as mon feu vert. Mais reste discrète. »
« A vos ordres. »

Omi lui attrapa doucement le menton, avant d'embrasser doucement et brièvement les lèvres de la jeune femme à la longue chevelure sombre. Elle la regarda dans les yeux, lui caressant la joue en la frôlant de son pouce.

« Sois prudente. »
« Oui... »

Et elle partit. La Louve reprit son livre, ses yeux croisant à nouveau le visage de la Tsuyoi à l'apparence sensuelle.

Les pages tournaient, l'histoire avançait à allure lente mais sûre. Il fallait toujours se concentrer pour comprendre ce que l'on lit. Mais Jyou était perturbée par la présence de cette femme androgyne. C'est pour ça qu'elle lisait plus difficilement que d'habitude. Elle vit passer une présence qu'elle sentait comme ... inférieure. Ou juste indésirable, " inférieur " est trop hautain pour Jyou, ce n'est pas sa manière de s'exprimer envers les êtres humains. Certains méritent de se faire disséquer pour le bien de l'humanité, mais ce n'est pas pour autant qu'on les jugerait plus bas que les autres, ce serait stupide. Cette jeune femme s'approcha du roi, bien que la jeune anarchiste ignorait encore l'identité de cette louve, et s'en moquait un peu pour l'heure. Ou pas tant que ça, car elle avait du mal à décoller son regard de cette personne. Déjà, la jeune femme sentait une sensation étrange en elle. De la jalousie ? Pas du tout. C'est bien la dernière personne à croire au coup de foudre, et encore moins au légendaire " coup de foudre du premier regard " . Qui pourrait croire des conneries pareilles à part les petites filles ?

Parfois, Jyou ressentait le désir de vouloir être accompagnée. D'avoir une présence rassurante à ses côtés. Depuis qu'elle sait penser par elle même, elle se disait que ça n'existait pas, que le monde était sale, et que peu importe la personne, elle lui ferait du mal. Jyou n'a pas hésité à s'éloigner des gens susceptibles de devenir ses amis. Avec elle, il suffit juste de s'accrocher. Depuis sa déception amoureuse qui date de plusieurs années, elle a perdu confiance en elle. C'est simple, sa tête refoulait tous ses désirs amoureux. Elle les remplaçait difficilement par des désirs de connaissance. Elle se replongeait dans son livre. La fille était partie, mais pourtant elle était comme observée. Relevant ses yeux, elle croisa encore ceux de cette femme mystérieuse.

( Elle me regarde ? Pourquoi elle le ferait ? Elle a déjà une copine. A moins qu'elle en veuille une autre ? Ca ne serait pas étonnant, de nos jours, il n'y a pas de sentiments amoureux, c'est juste le sexe qui compte. Peut être que ce n'est pas plus mal. Quoi que je doute m'y adonner, c'est trop animal, et j'ai tout sauf un comportement animal. Je suis plus humaine que les autres. )

Ce qu'elle souhaitait se prouver à elle même. Elle aimait bien se poser des questions dans sa tête et y répondre, comme ça. En attendant, elle s'était posé tout ça en ayant pas cessé de regarder la louve. Mais pourquoi elle accrochait autant d'attention à une personne ? Elle n'avait jamais fait ça. C'était sûrement parce qu'elle avait trop travaillé. Ces temps-ci, elle s'occupait beaucoup, sa tête était souvent en activité donc... forcément elle bloque. Mais bloquer sur une personne, ça ne lui était jamais arrivé. Une personne ordinaire aurait souri amicalement. Jyou s'est contenté de froncer légèrement les sourcils, ce réflexe qu'elle a acquis lorsqu'elle se sentait mal sans savoir la raison. Aller lui parler ? Et lui dire quoi ? Elle avait beau essayer sur les autres gens, le contact n'était pas le même. Cette personne à l'aura étrange était différente. Un piège à femmes ? En tout cas, la jeune Tsuyoi ne comptait pas tomber dedans aussi facilement.

Son regard avait croisé le sien. Mais bizarrement, il n'y avait rien d'autre que ça, un simple jeu de regards. Elles se fixaient l'une et l'autre... Les secondes s'écoulaient, peut-être même des minutes, qui sait. Ce qui était sûr, c'est qu'il y avait quelque chose. Quelque chose dont Omi ignorait la nature. Mais...

Elle haussa un sourcil. Un peu parce que la femme face à elle avait froncé les sourcils oui, mais pour autre chose. Quelque chose qui lui était revenu en mémoire. Elle attrapa le dossier qu'elle avait posé à côté de son livre, et ouvrit la page. Eh oui, désormais, grâce à la liberté nouvellement acquise, les Yowais pouvaient avoir accès aux informations sur leur Tsuyoi. C'était plus équitable. Et oui, elle avait vu juste. Ou plutôt s'était souvenu juste.

Son regard se leva à nouveau vers cette femme, avant de refermer le dossier. Elle s'approcha d'elle, le bruit de ses boots clinquant sur le sol à chacun de ses pas. Omi se rapprocha de cette femme dont elle connaissait maintenant le nom. Une fois juste devant elle, elle lui jeta le dossier sur la table, qui glissa jusqu'à elle.

« Jyou Shizuki. »

La Louve posa ses mains tatouées de deux mots qui étaient ses règles de vie et de comportement, sur la table, face à la Tsuyoi. Son regard vairon se planta dans le sien, les sourcils froncés.

« Que les choses soient bien claires. Tu me fais chier, j'te fais chier. Je suis pas un animal de compagnie et tes foutues expériences, tu peux te les foutre où j'pense. Tu me domineras pas. »

Mais depuis combien de temps était-elle là ? Et est-ce que Ryu l'avait mise au courant des règles qui régissaient cet endroit ?

« Même si t'es belle et sensuelle, tu peux crever pour que j'me soumette à toi. Pigé ? »

Bon, il était temps de cesser ces jeux de regards, Jyou n'aimait pas ça. Enfin, le contexte était désagréable. Sinon, le résultat donnait un étrange bien être. Et puis son nez retournait dans son livre. Puis un bruit de pas. Les pas se rapprochaient, ils étaient sûrs d'eux. Le coeur de jyou battait au rythme de ses pas... Ils n'étaient pas lents, mais ni rapides. Elle entendit quelque chose claquer contre la table et glisser vers elle. Son dossier, mais elle n'y a pas prêté attention, c'était plutôt cette voix qui l'a interpelée. Un son agréable à entendre, oui, mais à craindre, puisque les gens de la bibliothèques semblaient en frisonner, sauf Jyou. Elle était calme.

Jyou Shizuki.

Elle leva les yeux pour les planter dans ceux de son interlocutrice. Comme elle ignorait son nom, elle n'a pas répondu. C'était idiot de ne pas connaitre au moins les membres des hiérarchies, mais elle se montrait un peu je-m’en-foutiste. Pour le moment, elle n'a rien fait qui mériterait de l'envoyer en taule, pour se faire torturer, alors ...

Bonjour ?

Elle a lancé ça d'un ton ironique, comme pour féliciter cette femme pour un accueil si chaleureux et agréable.

Que les choses soient bien claires. Tu me fais chier, j'te fais chier. Je suis pas un animal de compagnie et tes foutues expériences, tu peux te les foutre où j'pense. Tu me domineras pas.
Oh... Eh bien, quel merveilleux accueil. Je suis ravie de voir que ma présence va plaire à certaines personnes... Et je te voyais bien en morceaux dans un tube à essai...

Elle baissa lentement les yeux pour regarder les mains d'Omi, pas en signe d'infériorité, juste pour lire les mots " Respect " et " Honneur " . On lui avait dit que le roi des Yowai exigeaient ces deux notions de la part des habitants du château. Au risque de passer pour une débile, elle préférait ne pas demander, de toute façon elle s'en foutait royalement. Ce n'était pas son problème. Enfin, si, ça l'était si elle était en mauvais terme avec le roi des yowai dès ses premiers jours dans le château. Tant pis, on est libre ici.

Même si t'es belle et sensuelle, tu peux crever pour que j'me soumette à toi. Pigé ?
J'ai pas besoin de ce genre de commentaire. Pour commencer. Et puis... Honneur et respect ? Une personne respectueuse ferait de l'ombre à une personne qui lit ?

Quelle belle raillerie. Ca commençait bien.

Ouais... Bonjour. Omi en fut assez surprise, mais le ton de la voix de cette femme lui fit froncer les sourcils de nouveau. Elle se pencha vers elle, son visage à présent proche du sien.

« Tu te crois maline ? »

Omi fit le tour et vint tirer une chaise, pour se placer juste à côté de Jyou. Le dossier contre son buste, les mains sur le haut de la chaise, elle la fixait droit dans les yeux, avec calme mais une certaine froideur.

« T'aimes provoquer toi, on dirait. »

Un petit sourire naquit sur les lèvres de la Louve. Ca lui semblait assez intéressant ça. Sa Tsuyoi n'était pas une femme faible, au moins. Déjà qu'elle était agréable à regarder, mais en plus elle avait du caractère. Un bon défi apparemment. Mais un défi qui sera rendu, car l'androgyne ne comptait pas se laisser faire par cette belle brune.

« Je te fais pas d'ombre. Tu es là, et moi aussi. Alors autant en profiter pour... faire les présentations. »

Elle eut à nouveau ce petit sourire en coin, alors qu'elle fixait toujours Jyou. Omi rapprocha sa chaise de la sienne, étant à présent vraiment proche de la beauté sensuelle. Son visage n'était qu'à à peine un ou deux centimètres maximum du sien, ses yeux plongés dans les siens. Et ce petit sourire froid en coin de ses lèvres pâles était toujours présent. Oh... Ca promettait. L'androgyne baissa le regarda momentanément sur les lèvres de Jyou, avant de regarder à nouveau ses yeux.

« Oui. Honneur et Respect. C'est ma règle de vie. Mais si on la respecte pas, je respecte pas non plus. Et pour terminer, je suis Omi. Koizumi Omi. Et t'es ma Tsuyoi, d'après Ryu. C m'enchante pas, sois-en sûre. Alors je vais te dire à nouveau la règle qui va être entre nous. M'emmerde pas ou j'te pourris la vie. »

Comme il était prévu, cette Yowai avait un caractère bien trempé, on le sentait à l'autre bout de la bibliothèque mais c'est encore mieux de tout recevoir dans la figure bien en face à face. Jyou n'a pas changé d'expression, son but était juste de montrer à cette personne qu'elle n'était pas intimidée. A quoi bon, quand on a connu la folie toute sa vie. Elle reculait légèrement la tête, c'était un signe prude de sa part, mais elle tenait à faire comprendre à Omi qu'il valait mieux ne pas essayer si c'était une technique d'approche. Même si c'était extrêmement tentant.

Tu te crois maline ?
Pas besoin de l'être pour faire ce genre de constat...

Jyou l'observait, cette femme prenait une chaise et allait s'installer juste à côté d'elle. Dans le fond, c'était bien ce que Jyou voulait depuis qu'elle l'avait vue. Pour connaitre le bonheur, il faut avoir ce que l'on veut. Donc cette sensation de bonheur qu'elle n'a jamais connu bourgeonnait dans sa poitrine avant de mourir à nouveau comme si elle n'avait jamais existé. Elle l'avait juste coupée, elle ne voulait pas de ce bourgeons, il n'avait pas sa place dans ce corps. Les deux femmes étaient là, et faisaient émaner une tension étrange. Un éclair semblait sortir de leur regard à chacune et se confrontaient l'un à l'autre. Il est logique que Jyou n'aura pas le dernier mot avec une personne au poil bien rude d'Omi mais la lutte n'était que plaisante. Il ne fallait pas se laisser marcher sur les pieds, c'était la règle de base. Même si on est plus faible que son adversaire, on devait lui faire comprendre qu'il y avait une lutte avant la victoire et qu'elle serait acharnée.

T'aimes provoquer toi, on dirait.
Entre nous, ce n'est pas moi qui ait déboulé de cette manière.

Elle n'avait juste fait que de la regarder, quel était le mal là dedans ? C'était innocent... Peut être que la louve n'avait pas aimé. Pourtant en vue du charisme qu'elle dégageait, on ne devait faire que ça: la regarder.

Je te fais pas d'ombre. Tu es là, et moi aussi. Alors autant en profiter pour... faire les présentations.
Bonne idée.

Elle reculait à nouveau la tête, cette proximité la gênait, pourtant la vue n'était pas désagréable. N'importe quelle fille aurait voulu être à la place de la brune. Et puis ce sourire... Pas étonnant qu'elle avait toutes les biatches à ses pieds. Jyou avait qualifié la fille de tout à l'heure, qui a eu l'honneur de rencontrer les lèvres du roi, de biatches... Sûrement car elle était blasée d'un tel spectacle. Il n'y avait pas d'autres explications.

Oui. Honneur et Respect. C'est ma règle de vie. Mais si on la respecte pas, je respecte pas non plus. Et pour terminer, je suis Omi. Koizumi Omi. Et t'es ma Tsuyoi, d'après Ryu. Ca m'enchante pas, sois-en sûre. Alors je vais te dire à nouveau la règle qui va être entre nous. M'emmerde pas ou j'te pourris la vie
Ca ne t'enchante pas ? Tu aurais voulu quoi ? Le même genre de biatch qui te collent aux fesses ? Haha.

Elle s'étonnait d'avoir prononcé le mot " biatch " d'un ton agacé, c'est pour dire que ce genre de filles mériteraient de brûler.

Eh bien désolée, tu te contenteras de moi, et puis si tu penses m'intimider avec ta manière de parler... Tu dois sans doute être le roi maintenant, j'en ai la certitude. Tu es tellement sûre de toi, ça en devient dégoutant.

Elle souffla du nez, c'était sa manière de rire, discret et rapide. Elle avait même haussé les épaules en éloignant Omi de son visage.

Dis moi, Koizumi Omi, si tu avais le choix, tu choisirais quoi entre être découpée sur une table de dissection, et gavée aux déchets radio-actifs ? Je n'ai pas eu l'occasion de demander à quelqu'un, ici.

Cette femme savait ce qu'elle voulait apparemment. C'était assez amusant... Ca changeait de ces Tsuyoi qui s'étaient laissés allés face à elle, finissant par abandonner. Le tout premier qui avait cru la dominer s'était fait tuer par elle. Mais ça, c'était il y a bien longtemps, alors que les Yowai n'avaient aucun droit ni aucune liberté. Non, vraiment, c'était intéressant. Elle avait quelque chose de différent des autres. Omi eut un petit sourire amusé en l'entendant répliquer. Elle n'avait pas sa langue dans sa poche et avait de la répartie celle-là. L'androgyne sentait qu'elle allait bien s'amuser avec cette femme. Restait à savoir dans quel sens.

Oh... Elle voulait provoquer encore ? Très bien, alors que le jeu des répliques commence. Elle se craqua les doigts, avant de s'étirer. Posant son coude sur le dos de sa chaise, sa main sous son menton, elle regarda la demoiselle au regard à la fois envoûtant et glacial. Fascinante...

« Biatch ? Tu sais pas profiter de la vie ? »

Il fallait savoir s'amuser, mais sans abuser. Non, les femmes qu'Omi convoitait étaient du genre timides et qui rougissaient au moindre baiser. C'est pourquoi ça n'allait jamais plus loin qu'un bref baiser sur les lèvres. Toujours aussi divertissante... Son sourire s'agrandissait au fur et à mesure qu'elle écoutait cette Jyou.

« Je cherche pas à t'intimider, je tiens juste à te faire comprendre que je me laisserais pas dominer. Qui que tu sois. Que tu sois sexy ou du genre dominatrice, rien de ce que tu feras me fera me soumettre à toi... »

Omi faisait semblait d'être absolument sûre d'elle, mais en réalité, elle faisait de son mieux pour avoir un maximum d'assurance. Elle n'en avait pas tellement en réalité, mais se forçait, laissait son démon l'aider en faisant échapper son côté brutal et froid. Elle était timide et sensible au fond d'elle, mais ne devait pas montrer ceci, si elle voulait être un Roi digne de ce nom, un Roi pouvant protéger les siens. C'était sans doute une bonne chose que cette Jyou la croit aussi sûre d'elle, même si... c'en était dégoûtant. Oui. Elle avait souvent peur de tomber dans l'arrogance, à force de s'obliger et de se faire violence pour ne pas montrer qu'elle était capable d'être une personne capable d'une grande douceur.

« Et toi ? Tu préfères être déchiquetée en milles morceaux ou avoir l'abdomen ouvert qui laisse sortir tes boyaux ? J'ai pas eu l'occasion non plus de poser la question. »

Elle lui fit un sourire sadique. C'était une sorte de réponse que venait de lui donner là l'androgyne. En gros, elle lui faisait comprendre qu'elle ne se laisserait aucunement faire. Jamais.

« Tu comptes me faire quoi ? J'ai horreur des couteaux dans ma chère, ça me donne des envies de mordre... »

La Louve s'approcha et frôla ses lèvres des siennes, avant d'aller murmurer à son oreille, d'une voix grave et suave.

« Et je mords à sang... »

Une bataille commençait, c'était le début de quelque chose qui allait promettre, puisque les deux semblaient avoir de la répartie. Et puis, en vue du sourire d'Omi, elle ne devait pas avoir l'habitude de battre de cette façon avec quelqu'un. Jyou se disait que c'était surement parce que les filles devaient être à ses pieds, et ne cherchaient pas à s'imposer. Jyou s'adossait calmement contre la chaise, les bras croisés et une jambe sur l'autre, la tête légèrement tournée vers Omi, tandis que son regard plongeait dans le sien. C'était électrique en fait ! Omi avait pris aussi une position qui montrait son aise.

Biatch ? Tu sais pas profiter de la vie ?
Si par profiter de la vie, tu appelles être volage, alors non. Ca n'apporte pas le bonheur. Ca n'existe même pas. Et ça ne répond pas à ma question. Tu aurais préféré avoir quel genre de tsuyoi ?

Son discours n'avait jamais changé, l'opinion qu'elle s'était faite sur les aventures amoureuses, sur la vie en général, c'était ce discours qu'on entendait chez les personnes qui n'ont pas compris le sens de leur existence. Elle était là, elle cherchait des informations sur ces personnes différentes des autres, elle s'est retrouvée au milieu d'eux sans savoir pourquoi, et a reçu de nombreux coups en elle. Ces coups qui sont aussi douloureux que de la douleur physique. Ils ont amenés en elle une certaine folie qui s'endormait de plus en plus profondément à mesure que le temps passait mais c'était impossible d'oublier.

Je cherche pas à t'intimider, je tiens juste à te faire comprendre que je me laisserais pas dominer. Qui que tu sois. Que tu sois sexy ou du genre dominatrice, rien de ce que tu feras me fera me soumettre à toi...
Oh, alors si tu ne cherches pas à m'intimider, tu aurais déjà dû me tendre la main et me proposer de prendre un verre avec toi. Je parle d'une manière plus douce, si tu es galante.

La tsuyoi lui lança un sourire narquois, se disant que la galanterie n'était pas le fort d'Omi, du moins pour les nouvelles. Après tout, cette fille de tout à l'heure avait l'air séduite... Jyou comprenait dans un sens. La louve avait quelque chose de si particulier, ça en était mystérieux. Mais il fallait garder en tête que ce n'était qu'un sujet d'expérience possible, bien que difficile à utiliser. Dans le fond, l'anarchiste voulait faire exception, ne sachant pas pourquoi. Ce n'était pas de la peur, elle en était certaine.

Et toi ? Tu préfères être déchiquetée en milles morceaux ou avoir l'abdomen ouvert qui laisse sortir tes boyaux ? J'ai pas eu l'occasion non plus de poser la question.
Oh non, je mérite un bien meilleur traitement.
Tu comptes me faire quoi ? J'ai horreur des couteaux dans ma chair, ça me donne des envies de mordre...
Des...

Elle regardait Omi faire, mais montra son agacement en bougeant la tête de manière rapide et brusque. Ah non, après avoir touché toutes ces lèvres de BIATCH, il était hors de question que ce soit les siennes en suivant. Qu'elle aille se les laver au savon !

...Couteaux ?
Et je mords à sang...
Pourquoi des couteaux ? Tu as des idées tordues, mais je te pardonne.

Le pardon fut accordé ! Celui d'être tordue.

Volage ? Elle ? Omi eut un petite rire.

« Je suis pas volage. J'ai même pas de copine ni quelqu'un en vue. »

Elle n'avait personne. Les baisers sur les lèvres étaient comme les bisous sur le front ou sur la joue. L'androgyne ignorait qu'il y avait une différence entre ces méthodes d'embrasser quelqu'un. La seule personne avec qui elle avait eu une expérience poussée, était sa meilleure amie, Hiko. Et encore, il avait fallu que la rouge se montre particulièrement entreprenante pour faire comprendre à la louve ce qu'elle attendait d'elle.

Elle haussa un sourcil à la proposition d'approche de la Tsuyoi. Etait-ce une demande masquée ? Pourquoi voudrait-elle aller boire un verre avec elle de toute façon ? Mais sinon, oui, elle n'avait pas répondu à sa question.

« Mort. Ou plutôt, inexistant. »

Etre totalement libre, elle l'aurait préféré. Mais elle savait très bien qu'un jour, elle en aurait eu.

Elle voudrait un bien meilleur traitement ? Mais elle n'en aurait pas, sauf si elle se comportait bien. La louve n'aurait pas besoin de se montrer agressive si Jyou se tenait à carreaux. Après tout, elle la respecterait si la Tsuyoi la respectait.

« Pourquoi des couteaux ? C'est toi qui parle de dissection, et un scalpel, c'est comme un couteau. »

Omi continuait de sourire, toujours en fixant la jeune femme dans les yeux.

« Et toi ? Ca aurait été quoi ton Yowai idéal ? »

Je suis pas volage. J'ai même pas de copine ni quelqu'un en vue.
Mais pourtant tu as embrassé quelqu'un...

C'est vrai que maintenant la preuve était faible, ça pouvait être de l'affection abusive ou quelque chose comme ça. Quelque chose que Jyou n'avait pas aimée de toute façon. Mais ça la gênerait beaucoup de s'étaler sur le sujet, c'est pour cela qu'elle n'a pas cherché à épiloguer là dessus. Cette Yowai s'amusait juste, mais on sait que pour beaucoup de personnes, s'amuser ou profiter de la vie prenait un sens un peu débauché. Son interlocutrice se fit une joie de répondre enfin à sa question. La réponse était si douce et délicate. Mais cette jeune femme aux cheveux foncés semblait le prendre à la plaisanterie.

Mort. Ou plutôt, inexistant
Ca, c'est fait. Eh bien... Dommage, je ne corresponds à aucun des deux critères.

Une yowai très attentionnée, comme elle le laissait entendre dans ses répliques sombres. De toute façon, elle n'avait pas le choix, c'était soit Jyou, soit une autre personne.

Pourquoi des couteaux ? C'est toi qui parle de dissection, et un scalpel, c'est comme un couteau.
Ce matériel est trop classique. Trop obsolète.

Décidément, Omi ne faisait pas preuve de créativité, mais au fond d'elle, Jyou la pardonnait encore. Ce n'était qu'un détail, mais comment Omi pouvait passer à côté des plastic spoons. Soit, ça ne coupe pas mais l'usage est plus agréable et rétro. De toute manière, elle n'avait rien pour commencer ses séances de tortures. Pour l'instant, elle devait apprendre à connaitre les gens qui l'entouraient avant de faire n'importe quoi. De choisir des cibles, pour plus tard. Ce serait idiot de foncer dans le tas et de tomber sur des personnes saines d'esprit comme elle.

Et toi ? Ca aurait été quoi ton Yowai idéal ?
C'est une bonne question.

Excellente question, même. Jyou venait seulement d'y réfléchir aussitôt la question posée. Son Yowai idéal, hein ? ... Physiquement, elle s'en fichait un peu. Mentalement... pas trop atteint. Pour elle, ils étaient tous cinglés en fin de compte. L'idéal serait le plus pur d'esprit possible, donc une personne dite " presque normale " selon elle. Ou autant dire, une personne qui n'est pas un yowai, le résultat était presque le même.

Je dirais que mon Yowai idéal est inexistant aussi.

Après tout, ce qui est impossible n'existe pas. Mais dans son " inexistant " Jyou entendait quelque chose concernant moins son interêt. Omi parle de sa liberté mais Jyou parle des faits réels. C'était difficile d'imaginer l'impossible, ils sont tous malades.

Oui, elle avait embrassé... Omi haussa un sourcil à la réplique de Jyou.

« Oui. C'est mal ? On dirait que... ça te gêne... Tu es jalouse ? »

En demandant si c'était mal, la louve avait eu comme une expression enfantine. Comme un jeune enfant qui posait vraiment la question, ignorant totalement la réponse. Elle ne savait pas que c'était mal, ou même si c'était bien. Elle n'en avait pas la moindre idée en fait... Mais elle avait un peu ri intérieurement avec sa boutade sur une possible jalousie de la part de la Tsuyoi. Comme si c'était possible en plus. Quoi que... Si elle était comme les autres, elle pouvait parfaitement être possessive et vouloir que son Yowai soit tout à elle, en toutes circonstances.

« Non... Aucun... »

Elle était bien vivante, bien face à elle, et... bien sa Tsuyoi. Mais Omi savait que ce jour allait venir.

Des couteaux ? Trop classiques ? Trop obsolètes ? Mais avec quoi pouvait-elle bien travailler alors ? C'était une énigme à résoudre... Mais de loin. La jeune louve n'avait aucune envie d'expérimenter ce genre de pratiques avec la jeune femme. Elle n'avait pas pour objectif de finir sur une table de torture, sous les instruments de Jyou.

Le jeune Roi haussa un sourcil, attendant la réponse de la demoiselle. Elle non plus, elle ne voulait pas d'un Yowai ? C'était bien pour ça qu'elle avait dit inexistant non ?

« Alors pourquoi t'es là ? »

Elle se leva, récupérant le dossier.

« Rentre chez toi. Tu n'es pas la bienvenue chez les Yowai. »

Omi était très étonnante, elle passait du loup grognant au louveteau innocent. Pour dire qu'elle passait d'un extrême à l'autre, au départ elle était sur ses gardes mais un léger dialogue s'était fait, alors que ces deux là n'ont rien d'enviable d'un point de vue conversation. Par ailleurs, la jeune anarchiste s'étonnait de trouver son interlocutrice attendrissante à présent, alors qu'avant, c'était limite de l'agression en vue de la manière dont elle s'est fait accostée. Soudaine, brusque, inattendue.

Oui. C'est mal ? On dirait que... ça te gêne... Tu es jalouse ?
Jalouse ? C'est ridicule.

Elle n'a répondu qu'à la deuxième question, car elle en fut visiblement touchée à cause de ce petit sourire taquin que lui a lancé la louve. Ah non, pourquoi Jyou serait jalouse, elle ne la connaissait même pas. Et puis... des sentiments amoureux ? Ca n'existe pas, c'est qu'une illusion qui rendra la personne malheureuse à la fin. Donc non, ce n'est pas de la jalousie. Autant y insister grossièrement. Elle s'est fait violence pour empêcher ses joues pâles de s’imprégner de ce ton de couleur un peu rougeâtre, au final, rien n'est paru. Si elle n'a pas répondu à la première question, c'est aussi car elle ne savait pas la réponse. C'est mal d'embrasser une personne que l'on n'aime pas forcément de manière amoureuse ? Pourtant, on embête personne. Et si tout le monde faisait pareil ? Le monde continuerait à tourner... Mais d'un autre côté, ça peut blesser... Rien n'est correct si on prend cette perspective. Jyou préférait garder cette pensée pour elle.

Non... Aucun...
Tu peux toujours essayer de me tuer dans mon sommeil, même si ça ne changera rien, tu auras un nouveau tsuyoi ...

Dommage pour Omi qui ne désirait pas de Tsuyoi. Jyou se disait que ça devait être une plaie de dépendre d'une personne que l'on ne veut pas, mais on peut toujours s'arranger. Enfin, ici c'était mal parti en vue des conversations peu concluantes des deux femmes qui se lançaient indirectement des balles.

Alors pourquoi t'es là ?
Pourquoi je suis là ? J'ai besoin de ...

Elle n'avait pas eu le temps de finir sa phrase, Omi s'est levée.

Rentre chez toi. Tu n'es pas la bienvenue chez les Yowai.
Normal, je suis une Tsuyoi, vous avez peut être mis au point un système d'armistice, mais je tiens à rappeler qu'il y a eu une autre guerre mondiale quelques années après. C'est ce genre de réflexions qui incitera à une faille de ce système alors tu ferais mieux de te taire et ne pas me dire ce que j'ai à faire.

Omi fut étonnée... Elle n'avait répondu qu'à sa seconde question. Pourquoi ne pas avoir répondu à la première ? Peut-être n'avait-elle pas la réponse, tout simplement ? Ou pas d'avis à donner. Pourtant, elle avait eu l'air d'en avoir un, vu sa réaction. Mais bon, qu'importe. Ce n'était pas tellement une question à laquelle la réponse était vitale.

« Te tuer ? Non. Ca me desservirait plus qu'autre chose. »

Non seulement elle trahirait les siens, mais en plus elle risquait de les condamner. Alors non, elle ne ferait rien sauf si elle était en droit légitime, donc un abus de la part de Jyou. Mais pour l'instant, il n'y avait rien de tout ça.

Elle regarda la jeune femme, se tournant à moitié vers elle. Son visage était tourné vers le sien, le sourcil haut.

« Besoin de quoi ? »

Omi se demandait vraiment ce qui avait bien pousser cette femme à venir ici. Prendre ce rôle de Tsuyoi. Certains voulaient satisfaire des besoins pervers, que ce soit dans le sens sexuel du terme, ou bien dans le sens des expériences et de la science. Ce qui était certains, c'est que personne ne venait ici pour le bien-être des Yowai. Du moins, elle en doutait vraiment. Elle doutait que ça existe ce genre de personnes... de Tsuyoi...

Le jeune Roi se tourna à nouveau vers la jeune Jyou, se penchant vers elle. Son visage fut assez proche du sien, séparés d'à peine quelques centimètres. Ses yeux vairon étaient plongés dans ceux de sa Tsuyoi.

« Dans les deux guerres mondiales, c'est toujours le même clan qui a gagné. Alors si une guerre doit à nouveau éclater, nous allons faire en sorte de conserver nos droits et notre liberté amplement méritée. »

Ils avaient été maltraités depuis bien trop longtemps, abusant de leurs corps de toutes les façons possibles. Violences, tortures, viols, etc. Oh non, ça avait duré beaucoup trop d'années.

« Avant que nos voix soient enfin entendues, nous n'étions rien. Et nous n'avons aucune envie de redevenir ces jouets. Les règles ont changé. Tes actes, avant, étaient sans conséquences. Mais maintenant, ils en ont. J'espère que Ryu t'a mise au courant de ces nouvelles règles. »

Ses yeux glissèrent sur les lèvres de Jyou... pulpeuses et attirantes...

Exact, tuer Jyou reviendrait à déterrer la hache de guerre. Normalement ce genre d'acte était simplement puni, mais Omi était le roi des Yowai, il tenait partiellement leur vie entre ses mains. Si le roi désobéissait à la règle, les conséquences seraient dramatiques, il y aurait à nouveau du sang versé pour pas grand chose. Ces deux là allaient devoir se contenter de cette relation et à espérer qu'elle ne tourne pas mal. Qui sait ce qui se passe dans la tête de l'anarchiste. Au final, Omi s'était arrêtée dans son élan, puisqu'elle comptait repartir, c'est bien pour cela qu'elle s'était levée de sa chaise.

Besoin de quoi ?
Besoin d'en savoir plus sur les pathologies mentales. Mon but premier n'est pas de faire mal aux Yowai, tu peux ranger tes crocs.

Non, ce n'était pas son but premier, ni un de ses buts. Elle estime que torturer un Yowai pouvait être juste une simple étape pour arriver à ses fins, mais cette étape était en option, tout dépendait de la nécessité, mais elle se disait que les grands chercheurs n'allaient pas jusque là pour trouver les réponses à leur question. Mais il va sans dire que Jyou sortait d'un asile psychiatrique, peut être qu'elle a été placée injustement, ou peut être qu'elle méritait un séjour là-bas. Ses propres parents ont été incapables de cerner si elle était équilibrée dans sa tête ou non. Il était encore impossible de voir si ses intentions sont bonnes ou mauvaises. Mais pour l'heure, il fallait attendre.

Dans les deux guerres mondiales, c'est toujours le même clan qui a gagné. Alors si une guerre doit à nouveau éclater, nous allons faire en sorte de conserver nos droits et notre liberté amplement méritée.
Certes, mais vous n'aurez pas un allié puissant pour vous aider, ça change grandement la donne

Par un allié puissant, elle parlait des USA. C'était logique. Cette fois les deux clans seraient encore en face à face, mais les tsuyoi pourraient avoir pris du poil de la bête.

Avant que nos voix soient enfin entendues, nous n'étions rien. Et nous n'avons aucune envie de redevenir ces jouets. Les règles ont changé. Tes actes, avant, étaient sans conséquences. Mais maintenant, ils en ont. J'espère que Ryu t'a mise au courant de ces nouvelles règles.
Oui, je suis au courant de tout ça. Je sais tout ce que j'ai à savoir. Je sais très bien ce que je fais.

Mais encore une fois, c'était difficile de savoir si ce qu'elle comptait faire était bien ou mal. Pour le moment, elle voyait juste les yowai comme de potentiels sujets d'expérience. Ses yeux se perdaient dans ceux d'Omi. Ils étaient magnifiques, ça lui rappelait ceux des loups sauvages qui courraient sur leurs territoires pour se rappeler qu'ils étaient libres. Mais pour cette louve-ci, ça allait être un peu plus complexe...

Elle voulait donc satisfaire un besoin de recherches ? C'était donc pour ça qu'elle était venue...

« C'est pas ici que tu trouveras ce que tu cherches. »

Il valait mieux qu'elle aille dans un institut de recherches sur les pathologies mentales. Ici, c'était un institut où on venait étudier les démons, pas trouver des remèdes à la schizophrénie ou la trisomie, ce genre de choses. Oh non... Si c'était ce genre de pathologiques qu'elle voulait étudier, elle avait frapper à la mauvaise porte.

« Les Tsuyoi aussi sont seuls. Et nous, ça nous a réussi. »

C'était eux qui avaient gagné après tout, les Yowai, et non les Tsuyoi.

« Vous avez perdu... Et vous ne gagnerez plus. Maintenant, nous avons une égalité. »

Ils avaient de quoi faire valoir leurs droits nouvellement acquis. Les abus étaient punis désormais, et ça dépendait de la gravité de cet abus. Une belle avancée pour les Yowai. Et Omi tenait à qu'ils conservent tout ça. Même des Tsuyoi étaient pour après tout. Même si l'androgyne se demandait si c'était réel en tout cas... C'était étrange que certains de leurs ennemis se rangent de leur côté...

« J'espère pour toi. Parce que le moindre de tes actes peut te faire aller devant la justice. »

Bien entendu, il faudrait un mauvais traitement, une faute, pour que Jyou se retrouve devant le Fou. Mais si elle savait ce qu'elle faisait, tant mieux pour elles deux. Oui, car Omi n'avait pas envie de subir de mauvais traitement non plus. Ca l'arrangeait plutôt.

« Et tu comptes me faire quoi ? »

Si elle sa Tsuyoi, l'androgyne voulait savoir ce qu'elle attendait d'elle. Elle avait le droit de savoir maintenant. Mais savoir dire ce qui était vérité et mensonge... Ca pour l'instant, c'était très dur. Et comme tout le monde était capable de mentir, ce n'était aucunement une faute.

Il ne devait pas y avoir beaucoup de tsuyois qui voulaient assouvir une soif de savoir ici, à voir la réticence d'Omi, on pouvait imaginer les différents monstres qui ont pu mettre les pieds ici. Ca ne faisait strictement aucun effet à Jyou, elle même avait une idée sur ses limites. Il n'est même pas impossible qu'elle se sous-estime.

C'est pas ici que tu trouveras ce que tu cherches.
Moi je pense que si.

Elle mélangeait de tout, car dans son asile à elle, il y avait de tout. Les personnes qui étaient jugées comme possédées étaient enfermés plusieurs jours dans une camisole, incapable de bouger. Elle les a vu, et s'est posé beaucoup de questions, dans le genre " comment peut-on être comme ça ? Et moi, qu'est ce que je fais au milieu de tout ces cinglés ? " De ce fait, elle ne différenciait plus les démons et les maladies mentales. Un corps est un corps, et si il y avait plusieurs êtres dans un mêmes corps, c'est qu'il y a un problème qui doit être résolu. Démon ou schizophrénies. Ces personnes ne sont pas normales.

Les Tsuyoi aussi sont seuls. Et nous, ça nous a réussi.
La chance pourrait très bien tourner en notre faveur.
Vous avez perdu... Et vous ne gagnerez plus. Maintenant, nous avons une égalité.
C'est vrai... De toute façon, je n'aurais pas été de la partie. Ce n'est pas mon problème... vos petites histoires.

Une tsuyoi qui n'avait pas l'air très solidaire aux siens, tiens tiens. Ou alors, elle bluffait ? Impossible de le lire dans ce regard dépourvu de sentiments, il n'y avait qu'un regard neutre.

J'espère pour toi. Parce que le moindre de tes actes peut te faire aller devant la justice
Ca me donnerait presque des frissons ce que tu me dis là, Koizumi Omi !

Jyou ne voulait pas du tout se faire remarquer pour le moment, ce serait trop bête de souffrir tout de suite sans n'avoir rien fait pour accomplir son but. Elle allait juste se tenir à carreau jusqu'à ce qu'elle décide d'elle-même de ses actions. Et oui, elle était libre. Elle pouvait bouger son poignet sans raison, puisqu'elle était libre de le faire, pourquoi devoir se justifier ? Libre.

Et tu comptes me faire quoi ?
Oh quoi ? Je passe pour une personne qui va faire quelque chose ? Quelque chose qui pourrait être néfaste ? Oh...

Elle se leva à son tour, prenant son livre sous le bras et remit la chaise correctement avec sa jambe.

Pour le moment, rien.

Du bluff. Elle n'avait pas eu l'idée de lui faire quoi que ce soit. " pour le moment "... Juste pour tenter de provoquer une certaine inquiétude chez son interlocutrice Yowai, mais elle s'en fichait que ça fonctionne ou non.

Oh vraiment ? Elle croyait trouver ce qu'elle cherchait ? Omi en doutait franchement. Mais soit, qu'elle fasse ce qu'elle veuille. Tant qu'elle ne transgressait pas les règles établies, qu'elle ne faisait de mal à personne, tout irait bien. Enfin... Elle pouvait faire du mal oui, mais si le Yowai ne se plaignait pas de ce traitement, pourquoi condamner le Tsuyoi responsable ? Il n'y avait pas la moindre raison, tout comme l'inverse. Tant qu'il n'y avait pas plainte pour mauvais traitement, ainsi que preuves pour éviter les abus, il n'y avait pas de problème.

Mais sa nonchalance étonna véritablement Omi. Elle en perdit presque ses moyens. La louve resta bête devant cette affirmation. Ce ne sont pas ses affaires ? Pourtant, elle est là non ? Elle parlait de revirement de situation, pour au final dire qu'elle n'en avait rien à faire en fait ?

« Tu t'en fiches ? »

Mais... C'est une Tsuyoi ! Comment peut-elle avoir autant d'indifférence face à son clan et à ce qui pourrait leur arriver, alors qu'il y avait peu, elle avait dit que la tendance pouvait s'inverser et les Yowai se retrouver à leur place de simples cobayes, de jouets entre les mains abjectes des Tsuyoi qui se croyaient tout permis. Le Roi était déstabilisé, et c'était bien la première fois depuis longtemps. Elle devait se ressaisir et vite ! Que cette Jyou ne voit pas qu'elle avait réussi à la toucher.

« Moque-toi, Shizuki Jyou. »

Elle était vraiment étrange cette femme. C'en était... attirant... Pourquoi tant de nonchalance ? Elle voulait comprendre... Omi avait envie de savoir, de découvrir ce pouvait rendre cette brune si détachée.

« Je doute que tu me laisses libre... »

Un petit sourire se dessina au coin de ses lèvres. Cette femme... Pourquoi cette attraction ? Une attraction puissante... comme animale... C'en était perturbant... Elle s'approcha de la belle Jyou, car oui, elle était belle, et même sensuelle. Etant juste devant elle, elle se pencha, la tête dans son cou, humant son parfum... particulier... Il était particulier, enivrant même. L'androgyne avait envie de la toucher... Elle remonta ses lèvres le long du cou de la Tsuyoi, le lui frôlant à peine, jusqu'à son oreille. Elle murmura de sa voix suave, au timbre légèrement masculin, en son creux.

« Vas-tu m'enchaîner à toi... ? »

Leurs visages étaient vraiment proches l'un de l'autre. Omi posa son pouce sur les lèvres envoûtantes de Jyou, son regard vairon plongé dans celui marron de cette femme attirante.

Jyou s'étonnait de voir l'intonation et l'air que prenait Omi face à ses affirmations. Oh.. On dirait bien que le loup a reçu un jet de sable dans la figure, il ne grogne plus autant pour mettre en garde la nouvelle arrivante pas vrai ? La brune en était fort aise, elle a esquissé un sourire mais ce n'était qu'une esquisse qui a vite disparu. Son sourire était adorable, mais cachait généralement des pensées plus ou moins psychopathes. Cette fois-ci, c'était innocent, c'est bien pour cela qu'il n'a duré qu'à peine une seconde.

Tu t'en fiches ?
Totalement. Les lionnes chassent, les lions mangent. Pourtant, ils font partis du même clan.

A méditer. A ces mots, Jyou passait juste pour une personne infidèle aux tsuyois. Dans sa tête, ces gens là n'avaient aucune importance. Si elle est dans ce clan, c'est uniquement car c'était celui qui lui correspondait le mieux pour ses attentes. Mais après une telle discussion avec cette jeune femme, n'importe qui pourrait se demander si elle est digne de confiance ou non. Elle savait se faire mystérieuse... Cependant, une fois qu'elle a les gens à la bonne, elle n'a rien contre pour leur en dire un peu plus sur elle... Sauf qu'elle n'a jamais eu qui que ce soit à la bonne. Retour à la cause départ. L'interlocutrice de l'anarchiste a su se reprendre et à bien cacher son questionnement vis à vis de la brune.

Moque-toi, Shizuki Jyou.
Hahaha.

Ces trois syllabes identiques successives ont raisonnées de manière monotone et douce. Cette fois-ci, cette intonation n'avait que pour but de se moquer mais ironiquement.

Je doute que tu me laisses libre...
Et pourqu...oi... ?

Jyou a perdu son timbre de voix à la fin de sa question car elle s'étonnait de voir Omi humer son parfum avec plaisir. Elle avait plongé sa tête dans le coup de la tsuyoi et remontait lentement. Sentant un léger contact avec les lèvres de la louve, elle se sentit frissonner. Et ce fut pire quand elle arriva aux oreilles... Pour lui murmurer quelques mots de sa paisible voix aux sonorités légèrement masculine.

Vas-tu m'enchaîner à toi... ?
Je pense qu'en vue de la façon dont c'est parti, c'est plutôt toi qui va s'enchainer à moi...

Ou alors, si elle le faisait, il y aurait comme une sorte de syndrome de Stockholm... Enfin non, c'est stupide. La louve a bien montré que c'était une bête sauvage qui avait besoin de liberté. Pourquoi elle irait s'enchainer à une tsuyoi, elle avait l'air de ne pas les porter dans son coeur, tout au moins ceux qui veulent du mal aux yowai. Mais Jyou n'a pas cherché à lui montrer qu'elle comptait chouchouter ceux qui viennent du clan d'Omi... Alors pourquoi ? Dans un sens, en prenant du recul, ça plairait à l'anarchiste d'avoir cette personne pour elle. Ses yeux étaient envoutants, comme tout le reste... Elle baissa les yeux sur la main d'Omi, qui avait posé son pouce sur ses lèvres et attrapa son poignet pour la repousser doucement. En temps normal elle l'aurait fait avec violence, mais elle n'avait pas envie d'être comme ça avec cette Yowai. Allez savoir la raison...

Cette femme était étrange... Sans aucun doute la femme la plus étrange qui lui avait été donné de rencontrer. Mais ce qui était sûr, c'est qu'elle était fascinante. En quel sens, Omi l'ignorait, mais elle le sentait ainsi. Elle aussi, elle avait envie quelque part d'étudier cette femme, de découvrir les pourquoi et les comment de sa façon d'agir, de penser... Tout en elle était une énigme, un casse-tête qui donnait envie de le résoudre. Jyou faisait monter ce sentiment en la louve... Le faisait-elle de façon volontaire ? Si c'était le cas, c'était parfaitement réussi.

« Tu ne fais partie d'aucun clan en fait, pas vrai... ? Tu chasses pour toi, et tu manges ce que tu chasses. Mais quel genre de proie a ton attention ? Celles qu'on t'impose ? Ou celles que tu choisis ? »

Une question piège, et qui pouvait amener à tout un tas de réflexions et de réponses. Mais elle doutait un jour arriver à être aussi énigmatique que cette femme envoûtante.

Son parfum était si délicieux, qu'Omi aurait pu s'en enivrer pendant des heures. C'était juste divin... et rien de plus... Cette peau... Elle avait envie de la goûter... Mais elle n'en faisait rien, gardant ses instincts animaliers tout au fond d'elle-même, bien cachés. Elle avait de la répartie en tout cas, comme elle l'avait toujours démontré depuis le début de leur rencontre. Si on pouvait appeler ça comme ça.

« Et si c'était toi qui t'enchaînais à moi... ? »

Tellement de possibilités... Ce qui était certain, c'était que ça allait être passionnant entre elles. Le Roi ignorait de quelle façon, mais elle le sentait ainsi.

Elle sentit son poignet être ôté du corps de Jyou, ses doigts relâchant alors ses lèvres pulpeuses. Mais bizarrement, c'était doux... Peut-être un peu trop doux en fait. Tellement que c'en était... étrange... Mais l'androgyne se laissa faire, toujours en regardant cette femme les yeux dans les yeux. Son sourire en coin des lèvres ne s'effaçait pas non plus. Elle se pencha à nouveau vers elle, mais s'arrêta alors que leurs corps n'étaient séparés que de quelques millimètres. Omi se redressa, et on entendit comme un bruissement juste à côté d'elle. Elle s'était penchée pour pouvoir attraper le dossier sur la table.

« Fais attention où tu mets les pieds... Ici, un game over est définitif... »

Elle se recula, lentement, son regard toujours ancré dans celui de la Tsuyoi.

La situation devenait amusante pour Jyou. Elle sentait comme de l'interrogation chez le roi des Yowais, c'était si flagrant. Elle l'a conclus comme ça car au début, les phrases étaient plutôt sèches et droites. Maintenant les questions fusaient ici et là, surtout chez la louve. Alors Jyou qui cachait difficilement son amusement voulu aller plus loin dans la confusion qu'elle semait progressivement à Omi.

Tu ne fais partie d'aucun clan en fait, pas vrai... ? Tu chasses pour toi, et tu manges ce que tu chasses. Mais quel genre de proie a ton attention ? Celles qu'on t'impose ? Ou celles que tu choisis ?
Bien sûr que si. Je suis une tsuyoi, donc je fais parti d'un clan.

Cette fois-ci, un sourire s'affichait, bien que moqueur, il était présent. On pourrait prendre une photo, ça la changeait de ces airs sans expression et froids comme si le monde entier méritait de passer sous le fouet. Rien que ça, lui donnait envie de rester encore un peu discuter avec la louve. Oui, elle s'amusait... C'est bien une des premières fois de sa vie. Mais très vite, elle masqua son sourire qui disparu très progressivement pour à nouveau laisser place à cet air sérieux qui lui collait à la peau depuis très longtemps.

Et si c'était toi qui t'enchaînais à moi... ?
Ca te ferait trop plaisir.

Elle le sentait comme ça. Mais en disant ça, elle sentait qu'elle pouvait retourner la réponse dans l'autre sens. Ca lui ferait aussi plaisir... Peut être est-il juste question d'avoir un peu de compagnie. Il suffisait juste de savoir ce qu'Omi appelait par " s'enchainer " Jyou voyait juste une grosse chaine liant les deux personnes, pour symboliser une certaine dépendance, sauf que ça pouvait prendre d'autres sens comme un engagement plus sérieux entre deux personnes. Cette idée aurait scandalisée Jyou qui en est devenue contre, dégoutée avec son échec.

( Pourquoi je n'arrive pas à la repousser... ? Je la connais que très peu, je ne sais que son identité et son rang... Mais je me sens envoutée... Mais bon, je dois me souvenir qu'il ne s'agit que d'une yowai... Elle n'a rien d'enviable. )

La brune aurait pu rester longtemps comme ça, pourtant ses convictions lui disaient de faire passer en premier son but à ses instincts animaux qui avaient que très rarement pris le dessus au cours de sa vie. Tout a été mis de côté avec ses problèmes d'autisme, de ce fait elle était plus innocente de ce point de vue que la majeure partie des personnes de son âge.

Fais attention où tu mets les pieds... Ici, un game over est définitif...
Me prendrais-tu pour une femme faible ? C'est une mise en garde... ? Ne me sous-estime pas, tu pourrais perdre tout tes moyens d'une traite.

Elle claqua les doigts devant les yeux d'Omi, courbant son bassin, elle prit une position sensuelle et attrapa Omi par son haut, prenant garde ne pas lui chiffonner: le but n'est pas de jouer à la brute, ou de vouloir faire du mal en étant violente. Le but était juste de lui montrer qu'elle n'avait pas peur et qu'elle était bien capable de se défendre.

Hm… Elle revendiquait être Tsuyoi. Au moins, les choses étaient claires pour ça. Mais il y avait autre chose qui était clair. C’était que la belle se moquait ouvertement d’elle. Et ça, ça ne plaisait pas vraiment à Omi. Elle avait l’impression de n’être qu’un jouet entre ses mains. Bon sang… Ce n’était pas ce qu’elle voulait donner comme exemple.

Si ça lui faisait plaisir ? Non pas vraiment. Enfin, ça dépendant dans quel sens. Et le sens dans lequel cet enchaînement lui plairait, elle n’en connaissait absolument pas la nature. En existait-il au moins ? Elle en doutait. Le jeune Roi n’avait pas franchement envie d’être liée de façon aussi étroite soit-il, à une Tsuyoi, leurs ennemis qu’ils s’efforçaient de combattre. Même si la guerre était terminée, elle pouvait très bien éclater à nouveau, à cause de toutes ces petites batailles qui continuaient malgré tout. Oh non, c’était loin d’être la paix et le calme était bien au loin, hors d’atteinte sans doute.

« Et si c’était à toi, que ça ferait trop plaisir ? »

Eh oui. Qui sait… Peut-être que la Tsuyoi avait envie d’être enchaînée à la louve ? Mais la vraie question était dans quel sens ? Encore une fois, quelle serait la nature de cet enchaînement qu’elle pourrait souhaiter ?

Omi haussa un sourcil à l’annonce de Jyou. Une femme faible ? Oh non, elle ne la jugeait pas comme telle. D’ailleurs, elle ne la jugeait même pas. La louve n’avait aucune envie de donner une étiquette à quelqu’un. Peut-être parce qu’elle n’avait aucune envie d’en avoir une elle-même ? Sans doute. Ce n’était pas non plus une mise en garde, juste une remarque. Et surtout une vérité… Ici, chaque pas pouvait conduire soit à un grand plaisir, soit à la déchéance la plus totale.

« Je ne te sous-estime pas. »

Mais à peine eut-elle dit cette phrase que la Tsuyoi se mit à prouver qu’elle avait du cran, et bien plus qu’elle ne semblait en avoir. C’était sûr que quand on la voyait comme ça, pour la première fois, on pouvait penser que ce n’était qu’une femme des plus banales, peut-être même fragile ou effacée. Mais apparemment, elle ne semblait pas du tout être ce genre de femme.

Elle fut surprise de se faire attraper par le col. Ca, elle ne s’y était vraiment pas attendue… Surtout que Jyou avait plutôt répliqué par les mots et non par les actes. Ce changement de comportement avait de quoi étonner. Omi n’eut qu’un sourire pour réponse, satisfaite de voir que cette femme était du genre à se battre, à ne pas se laisser marcher sur les pieds. Tant mieux. Ca l’emmerderait d’avoir pour Tsuyoi une femme qui ne faisait rien, et qui se laissait faire, trop timide pour parler ou pour montrer qu’elle existait. La louve n’était pas du genre fière, mais c’était sûr que ça lui aurait porté un coup à l’égo si on lui avait attribué une ou même un Tsuyoi introverti, qui n’osait rien.

Elle lui attrapa à son tour le poignet, pour l'obliger ainsi à lâcher son col. Toujours avec ce sourire aux lèvres... Elle se pencha vers la belle brune, ses lèvres près de son oreille, afin de lui murmurer quelques mots.

« Au moins, je n'ai pas à me trimbaler une femme qui pleure à chaque bruit suspect ou qui tremble à chaque mot qui lui semble déplacé. »

Omi lui frôla l'oreille de ses crocs, avant de la lui mordiller, faisant de même dans son cou, l'espace d'une seconde. Elle se recula, toujours en fixant Jyou, mais d'un air sérieux cette fois. Le dossier entre les mains, elle finit par se retourner, afin de pouvoir partir et de retourner à ses affaires. Elle n'oublia pas non plus de prendre son livre qu'elle avait commencé à lire, et de l'emprunter auprès de la bibliothécaire. Une fois devant la porte, le jeune Roi adresse un dernier regard à sa Tsuyoi. Bref, mais intense... Puis elle partit.

F i N